Les actualités LGBTQI+ du mois d'août 2022

Le mois d’août a été un mois relativement calme en terme d’actualités liées aux personnes LGBTQI+. Un grand nombre partant en vacances ou profitant de ces dernières pour se retrouver entre ami·e·s et familles, les gouvernements ne font pas l’exception. En l’occurrence, le gouvernement français n’a repris que le 22 août dernier, laissant peu de temps à de nombreuses prises de décisions. Voici donc, ci-après, ce que l’on peut principalement retenir de ces dernières semaines.

Drapeau-LGBT Actualités LGBTQI+ août 2022

À toutes celles et tous ceux qui repartent sur le chemin du travail, des établissements scolaires, ou à toute personne actuellement en recherche d’emploi, de stage ou autre, nous vous souhaitons à toutes et tous bon courage pour cette reprise ou rentrée 2022.

Vous l’aurez peut-être également remarqué, le format podcast n’est pas au rendez-vous depuis le mois des fiertés. En effet, après considération de l’équipe, il a été jugé que le peu d’écoutes de votre part ne justifiait pas un investissement de temps aussi important que ce que le podcast nous demande en plus du reste. Il a donc été décidé d’y mettre fin. N’hésitez pas à nous faire part de vos messages concernant cette décision. Si engouement il y a autour du retour du podcast, notre équipe est prête à revenir sur cette décision.

Sur ce, bonne lecture à vous toutes et tous !

Élisabeth Borne annonce la création d’un poste d’ambassadeur·drice aux droits LGBTQI+ et d’un fonds

40 années après la dépénalisation de l’homosexualité en France, la Premiere ministre française Élisabeth Borne faisait un déplacement à Orléans où elle a pu visiter le centre local d’accueil LGBT+ GAGL 45. C’est à l’occasion de cette visite symbolique qu’elle a fait quelques annonces.

Admettant que la France a pu commettre des erreurs par le passé, et notamment au niveau des discriminations des personnes homosexuelles, elle s’est entretenue avec les responsables du centre GAGL 45. Suite à l’écoute de leurs préoccupations, la Première ministre annonçait la création d’un fonds de trois millions d’euros afin de créer dix nouveaux centres LGBT+ en plus de renforcer les 35 déjà présents dans l’Hexagone. La somme sera répartie sur quatre années, à savoir sur la période de 2023 à 2026, et la moitié de la somme promise sera débloquée dès la première année.

Élisabeth Borne a également annoncé la création d’un poste d’ambassadeur aux droits LGBT+. Réponse faite aux dérives LGBTphobes dans l’Est de l’Europe, la nomination de cet·te ambassadeur·drice se fera d’ici la fin de l’année. Son rôle sera de coordonner l’action du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères dans la lutte contre les discriminations, mais également pour la promotion des droits LGBT+. Ce sera également la voix de la France sur la scène internationale, et l’ambassadeur poussera notamment pour la dépénalisation universelle de l’homosexualité et de la transidentité.

Élisabeth Borne, nouvelle Première ministre de la France

On attend donc que ces annonces soient réellement mises en application, et de pouvoir constater ce que ces initiatives auront comme retombées sur les personnes LGBTQI+ dans les années à venir. Durant son déplacement, la Première ministre s’est également dite prête à considérer une proposition de loi déposée par des sénateurs du Parti Socialiste et portant sur les discriminations des personnes homosexuelles. Plus sur cette actualité ci-après.

Une proposition de loi au Sénat vise à réparer les discriminations du passé

Le samedi 6 août, des sénateurs menés par Hussein Bourgi (Parti Socialiste) déposaient une proposition de loi visant à dédommager les personnes condamnées pour leur homosexualité entre 1942 et 1982. Comme l’actualité précédente, cette démarche s’inscrit à un moment qui n’est pas choisi au hasard.

Affiche régime Vichy soldat uniforme salut fond drapeau bleu blanc rouge

En effet, c’est dans le cadre du quarantième anniversaire de la dépénalisation de l’homosexualité en France que cette proposition symbolique était déposée. Mais également, le sénateur Bourgi soulignait à l’AFP que le 6 août marquait les quatre-vingt ans de l’entrée en vigueur des dispositions vichystes visant à réprimer l’homosexualité. Ces mesures instauraient une majorité sexuelle à quinze ans pour les personnes hétérosexuelles, et pénalisaient les relations homosexuelles si l’un des hommes étaient mineur. On rappellera que la majorité à l’époque n’était atteinte qu’à partir de vingt et un an, l’abaissement à dix-huit ans n’étant entré en vigueur qu’à partir de 1974.

Le sénateur rappelait qu’«entre 1942 et 1982, plusieurs dizaines de milliers de personnes ont été condamnées. L’histoire de chaque pays est faite de parts de lumière dont il convient de tirer une légitime fierté et de parts d’ombre dont on gagne à reconnaître la véracité». À cela, il ajoutait que «la grandeur d’un pays consiste donc à regarder son passé en prenant de la hauteur et du recul, pour le faire avec lucidité et objectivité. Le temps est venu pour la France d’emprunter à son tour le chemin tracé par plusieurs de ses partenaires occidentaux. En le faisant, nous rendrons justice aux dernières victimes encore en vie de cette législation dégradante et infamante. En leur accordant justice et réparation, c’est leur identité que nous respecterons et leur dignité que nous restaurerons».

Signé par plusieurs dizaines de sénateurs, cette proposition concerne entre 150 et 200 personnes selon le sénateur Bourgi. Une occasion pour la France de montrer que les erreurs commises de par le passé ne sont pas tombées dans l’oubli, et que l’Hexagone souhaite les réparer.

Irlande : les joueuses de rugby trans ne seront plus autorisées à jouer la saison prochaine

La fédération irlandaise de rugby à XV annonçait dans la première moitié du mois dernier une décision sur un sujet sensible : celui des joueurs et joueuses trans. Et la décision est radicale puisqu’elle exclue, et ce dès la saison prochaine, les femmes trans qui ne sont pas nées femmes des matchs.

Dans les faits, cette décision ne concerne que deux joueuses du pays. Selon l’IRFU, l’union nationale irlandaise de rugby, ces deux femmes trans auraient été contactées pour proposer des alternatives telles que continuer leurs carrières dans le rugby mais en tant qu’arbitres ou entraîneuses.

Tout cela est justifié par la fédération «en raison des avantages de taille, de force et puissance conférées par la testostérone durant la puberté et l’adolescence, mais également des risques de bien-être des joueuses qui en découlent». La fédération s’appuie également sur des recherches qui démontraient «qu’il existe des différentes physiques entre les personnes dont le sexe assigné à la naissance est homme ou femme». Les études montrent également que malgré la suppression de la testostérone post-puberté, tous les avantages de force, d’endurance et de physique sont conservés par la suite.

Photo joueurs rugby match

L’IRFU indiquait également qu’elle était parfaitement consciente de la sensibilité du sujet et la difficulté rencontrée par les personnes impliquées mais également toutes les personnes LGBTQI+. Elle souhaite continuer à travailler avec ces personnes touchées en assurant un soutien pour qu’elles restent impliquées dans le jeu. Certaines voix se sont élevées face à cette décision et demandent un retour en arrière. Nous vous tiendrons au courant s’il y a du nouveau du côté de nos voisins celtes.

Serbie : des défilés anti-Europride

C’est le 28 août dans Belgrade, la capitale de ce pays de l’Est de l’Europe, qu’ont eu lieu des rassemblements de milliers de croyants. Ces personnes se sont regroupées pour manifester contre un autre rassemblement qui est prévu en ce mois de septembre et qui n’est autre que l’Europride.

Serbia we march with you photo homme durant marche soutien personnes LGBTQI+ serbes

Cela suivait une annonce de la part du président serbe Aleksandar Vucic qui annonçait la veille que suite à une concertation avec le gouvernement, il avait été décidé de reporter ou annuler l’événement des fiertés. Prétextant une incapacité à pouvoir tout gérer à cause de la crise au Kosovo, une province du Sud de la Serbie auto-proclamée indépendante depuis 2008, mais qui n’est pas reconnue par Belgrade.

Du côté des organisateurs de l’Europride, on annonçait que «la marche aura lieu, comme prévu, le 17 septembre». Du côté religieux, des appels à l’opposition de cet événement allant «à l’encontre des valeurs du pays, de son Eglise et des familles serbes» se faisaient entendre. Fort est donc à parier que les violences survenues lors de marches des fiertés précédentes (2001 et 2010 notamment) à Belgrade seront à nouveau de la partie si l’événement venait à être tenu.

Dans tous les cas, on assistera certainement à un déploiement des forces de l’ordre pour encadrer le défilé s’il a lieu. Si certaines et certains d’entre vous avaient l’intention de se rendre à cette Europride, nous vous déconseillons dans tous les cas de le faire pour votre propre sécurité.

L’association Sexual Minorities Uganda suspendue

Triste nouvelle venue de l’Est de l’Afrique. L’Ouganda a vu sa principale organisation de défense des droits LGBTQI+ suspendue par le gouvernement en place par l’intermédiaire de son Bureau national des organisations non-gouvernementales. Accusée de ne pas être officiellement enregistrée auprès des autorités compétentes, Sexual Minorities Uganda était mentionnée dans un communiqué faisant part de sa suspension immédiate.

Frank Mugisha, le directeur de l’association, dénonçait une «chasse aux sorcières» tout en mentionnant l’homophobie présente et systémique dans le pays. L’association avait déjà fait du bruit en 2012 en subissant un refus lors de sa demande d’enregistrement, le nom ayant été jugé comme «indésirable».

Ce refus donnait le ton à leur relation avec un gouvernement très enclin à se débarrasser de ces idéologies venues d’Occident. Une grande partie de la population du pays est également très attachée à des valeurs religieuses chrétiennes mais qui ont en parallèle développé un sentiment de haine envers les personnes LGBTQI+, ces dernières ayant des pratiques jugées «contre-naturelles» par les croyants.

C’est sur ce tableau que l’on observe donc des actes quotidiens de harcèlement, violences (qu’elles soient verbales ou physiques), et on a même pu assister pour un court moment (2013 à 2014) à une dénonciation obligatoire des personnes homosexuelles qui, à cause d’une loi colonialiste britannique toujours en vigueur, sont passibles d’une peine d’emprisonnement à perpétuité. Il y a donc un long chemin à parcourir pour ce pays qui a conservé des idéologies Occidentales d’antan sans même considérer s’adapter aux nouveaux changements déjà opérés depuis des années, voire décennies, dans les pays à l’origine de ces lois.

Hong-Kong et mariages entre personnes de même sexe

Le 24 août dernier, les couples de personnes LGBTQI+ habitant à Hong-Kong attendaient le résultat d’un appel qui aurait pu changer leur futur, incluant celui de tous les couples de même sexe mariés à l’étranger. La Cour d’Appel rendait son verdict et venait renforcer le sentiment que Hong-Kong ne sera plus jamais une partie de la Chine unique comme elle a pu l’être ces dernières décennies.

photo jeune hongkongais brandissant drapeau arc-en-ciel lgbt

En effet, la ville refusait déjà de reconnaître les mariages de même sexe, et ce même s’ils sont officialisés à l’étranger. Mais quelques avancées pour les droits LGBTQI+ avaient fait penser que la société Hongkongaise était prête à des changements.

Il n’en sera cependant rien, la Cour s’étant arrêtée sur le fait que la mini-constitution de l’île ne reconnaissait uniquement que les unions hétérosexuelles, et que seules ces unions célébrées à l’étranger seraient reconnues.

La Cour ajoutait que reconnaître des unions de couples de même sexe célébrées à l’étranger ne ferait que créer une incompatibilité et incohérence entre ces couples et ceux vivant à Hong-Kong, ces derniers ne jouissant pas des mêmes droits.

Cette décision n’est finalement pas si étonnante que cela si l’on regarde la situation à Hong-Kong de plus près. Suite à la reprise de contrôle par Pékin, on a pu voir les valeurs et la juridiction spécifique mais très marquée par les idées occidentales des britanniques s’éroder rapidement. Les probabilités de changement sont donc très faibles, la Chine continentale ayant déjà du mal à simplement considérer comme normales les personnes LGBTQI+. On avait d’ailleurs pu voir cet exemple précédemment lorsque nous avions évoqué, l’année dernière, un jugement rendu par une Cour de l’Empire du Milieu et qui déclarait qu’un manuel scolaire dépeignant l’homosexualité comme une maladie mentale «n’était pas incorrect».

Vietnam : le ministre de la Santé appelle au respect des patients LGBTQI+

Le Vietnam est un pays qui s’est développé et continue à le faire de manière extrêmement rapide. Fort d’adaptation, le pays a également évolué très rapidement vers des valeurs inclusives. Mais peut-être trop rapidement pour que toute la population réussisse à évoluer à l’unisson. C’est dans ce contexte que le ministre de la Santé vietnamien, Đào Hồng Lan, s’adressait le 3 août dernier aux médecins du pays en appelant à ce qu’ils respectent leurs patients LGBTQI+.

«L’orientation sexuelle ou de genre des patients LGBT ne sont pas des maladies». Dans les nouvelles directives du pays, on retrouve désormais des lignes plus en adéquation avec les normes internationales en matière de droits humains et reconnues par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). «L’Association Américaine de Psychiatrie et l’OMS ont confirmé que l’homosexualité n’est absolument pas une maladie, elle ne peut donc pas et ne devrait pas être soignée, et ne peut être en aucun cas changée».

De manière plus formelle et précise, le Ministère publiait cinq instructions précises à destination de tous les centre médicaux du pays :

  • Améliorer la propagation et diffusion de l’information afin que les médecins, le personnel et les patients des centres d’examen et de traitements médicaux aient une compréhension correcte de ce qu’est l’homosexualité, la bisexualité et la transidentité.
  • Lors d’examens médicaux ou traitements de patients LGBT, le personnel de santé doit veiller à l’égalité et au respect des sexes afin d’éviter toute discrimination et tout préjugé à l’encontre des minorités.
  • Ne pas considérer l’homosexualité, la bisexualité et la transidentité comme des maladies.
  • Ne pas intervenir ou imposer un traitement à ces groupes de patients. Si nécessaire, cela devra prendre la forme d’une assistance psychologique qui sera réalisée par des professionnels comprenant les différentes identités sexuelles.
  • Renforcer les efforts d’examen et inspections internes des centres d’examens et traitements médicaux ainsi que des praticiens en vue de garantir le respect des codes professionnels des services médicaux conformément à la loi.
Deux femmes lesbiennes vietnamiennes enlacées dans drapeau vietnamien

En 2013, le Vietnam retirait les relations entre personnes de même sexe de la liste de celles proscrites, même si ce retrait ne reconnaissait pas pour autant de manière officielle ces relations. Deux années plus tard, le Vietnam rendait légal pour les personnes trans de changer leur nom et prénom à l’État Civil, même s’il manquait toujours la reconnaissance légale de leur changement de genre.

On note donc une réelle volonté d’amélioration dans le traitement médical des personnes LGBTQI+ au Vietnam. Il ne reste qu’à savoir si les nombreuses avancées encore possibles et restantes suivront le pas dans les mois et années qui suivent.

Singapour : la fin d’une loi discriminatoire envers les hommes homosexuels

Nous en avions parlé en juin dernier lorsque des milliers de singapouriens et singapouriennes étaient descendues dans les rues pour un événement Pride. Le pays observait, et ce depuis l’époque coloniale, une législation criminalisant les relations sexuelles entre hommes. Ces lois sont aujourd’hui dans le viseur du gouvernement de la Cité-État qui a décidé d’y mettre fin.

Photo drapeau-lgbt Singapour Gardens by the Bay Supertree Grove préparations mid-autumn festival 2022

En effet, le Premier ministre, Lee Hsien Loong, annonçait le 21 août que quinze années après un vote décidant de conserver les textes en question, il était l’heure de les abroger.

Estimant que la grande majorité de la société était prête et soutiendrait ces changements, c’est aussi la fin de cette épée de Damoclès suspendue au dessus de tous les homosexuels du pays. Ces derniers encouraient jusqu’à deux années d’emprisonnement selon les textes retirés, même si ceux-ci n’étaient plus appliqués depuis très longtemps.

Mais tout n’est pas uniquement bonne nouvelle. Le Premier ministre ayant également précisé que s’il était prêt à faire changer la législation sur la criminalisation des relations homosexuelles, il continuerait à défendre l’institution du mariage en continuant à définir cette union comme celle d’un homme et d’une femme.

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Cet article des actualités LGBTQI+ du mois d’août 2022 se termine sur cette actualité venue de Singapour. Si vous souhaitez continuer à apprécier ce type de contenu gratuit que nous vous proposons de manière régulière, n’hésitez pas à le partager et/ou laisser votre avis dans la section des commentaires ! Votre soutien permet au contenu de ce site d’exister. N’hésitez donc pas à aller faire un tour du côté de la boutique ! Profitez-en pour vous faire plaisir et montrer vos vraies couleurs.

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