Le langage inclusif et l’écriture inclusive : qu’est-ce que c’est ?
Nous voulions avec cet article aborder le sujet du langage inclusif et de l’écriture inclusive. Beaucoup de questions tournent autour de cette écriture, ce langage nouveau et particulier, mais également symbole d’égalité et inclusivité… Qu’en est-il exactement ? Qu’est-ce que l’écriture inclusive ? Quels sont les pronoms neutres utilisés ? Comment marchent les accords dans ce langage novateur et spécial qui cause tant de controverse ?
Voyons ensemble cette écriture et ce langage que nous souhaiterions voir adopter de manière plus courante dans le futur sans que cela amène controverses et argumentations sur le pour ou contre de cette évolution de notre langue.
Qu’est-ce que le langage inclusif et l’écriture inclusive : définitions
Le langage inclusif et l’écriture inclusive, respectivement formes orale et écrite de ce langage, a pour but d’éviter toute forme de discrimination dans la communication. Ces discriminations concernent le sexe, l’identité de genre, et l’orientation sexuelle. Mais également, cela inclût tout ce qui est en rapport avec l’âge, l’ethnicité, les différents handicaps, …
On peut parler également de langage et rédaction épicènes, termes très utilisés chez nos amis québécois. Mais également, les termes langage neutre ou encore langage non-sexiste et non-genré se rapportent à cette forme de communication épicène. Il faut cependant mentionner que les formes les plus courantes restent les termes «langage inclusif» et «écriture inclusive».
À quoi sert le langage inclusif ?
Émanent d’une volonté de faire bouger les mentalités, ce langage propose une version du français différente et plus inclusive (merci, Captain Obvious !). Là où les anglophones ne noteront aucune différence pour beaucoup de mots qui seront non-genrés de base, ce n’est malheureusement pas le cas de notre fameuse langue de Molière. Pour vous présenter un exemple simple, un adjectif français désignant un groupe de personnes utilisera toujours la forme masculine plurielle pour les désigner. Une exception sera faite si, et seulement si, ce groupe se compose uniquement de femmes.
On peut citer par exemple un cas dans l’éducation. On désigne par exemple un ensemble de personnes par le mot «étudiants». Par souci d’égalité, on peut se poser légitimement des questions : Pourquoi pas les «étudiantes» ? Pourquoi ne pas évoquer le doublon masculin et féminin «étudiants et étudiantes» ? C’est une critique principale faite à la langue française. Mais le masculin est également la version dominante pour l’accord des adjectifs lorsqu’il y a des sujets masculins et féminins → Ces étudiants et étudiantes sont intelligents.
Alors, lorsque l’on travaille dans un milieu éducatif, le domaine de la communication ou de la presse, ou bien que l’on souhaite adopter un langage moins discriminatoire, il est intéressant de se former au langage inclusif. Voyons donc ensemble quelques règles et bases pour passer à ce langage que de plus en plus de personnes adoptent.
Les différentes règles de l’écriture inclusive
Sans volonté de rendre les choses trop compliquées, l’écriture inclusive adopte plusieurs règles pour éviter les discriminations dans un texte. On retrouvera notamment les points suivants :
Les genres des mots et le point médian «·»
Plutôt que de devoir répéter plusieurs fois le même mot («étudiants et étudiantes») et rendre une phrase trop lourde, voici la solution de l’écriture inclusive : ajouter un point médian. Le caractère «·» (pour savoir comment l’écrire, reportez-vous à l’image ci-dessous) servira à écrire «étudiant·es» ou «étudiant·e·s» et ainsi inclure tout le monde sans discrimination ! On notera d’ailleurs que l’utilisation du point médian «·» ne dispense pas de la marque du pluriel.
Il est également possible de contrer les répétitions en trouvant des termes plus larges pour un groupe de personnes. On aura par exemple tendance à utiliser un terme comme «membres du personnel médical» plutôt que parler «des infirmiers et infirmières».
Un autre point important est à mentionner. Afin de garder un texte clair et lisible, beaucoup auront tendance à préférer l’utilisation de «étudiant·es» à «étudiant·e·s». On comprend parfaitement les deux, et l’un n’est pas «meilleur» que l’autre. Donc faites comme bon vous semble sur ce point.
Une autre précision nous semblait également importante : le caractère «·» sera souvent préféré à l’utilisation de parenthèses. Ces dernières signifient souvent que le propos est secondaire, et ne va donc pas dans le sens d’une neutralité.
Ordre alphabétique et accords
Une seconde règle est de mentionner les mots féminin et masculin par ordre alphabétique si l’on n’utilise pas le point médian «·» ou différents pronoms. On encouragera donc les phrases comme : «Elles et ils vont faire du sport» plutôt que la simple formulation «Ils vont faire du sport» de la langue française classique. Habituez-vous donc à utiliser des expressions telles que «celles et ceux» ou «elles et ils», ce sera déjà un bon début !
En ce qui concerne les accords lorsque cela est nécessaire, ils se feront avec le mot le plus proche. Cela a pour but de contrer la règle française qui stipule que le masculin l’emporte sur le féminin. Voici un exemple de phrase avec un accord qui serait jugé faux en français classique, mais utilisé dans l’écriture inclusive : «Les acteurs et actrices sont fatiguées». L’accord au plus proche permet notamment l’apparition beaucoup plus fréquente de la forme féminine des mots dans les phrases.
Attention tout de même à ne pas utiliser ces règles dans un cadre formel ou officiel (études, travail, …) et s’en tenir à celles édictées en langue française. En effet, ces accords «au plus proche» ne sont pas encore reconnus officiellement dans la langue de Molière. Nous espérons voir une évolution vers l’acceptation de ces règles dans un futur proche. Une règle du langage inclusif consiste également à féminiser les noms de métier. Nous ne couvrirons cependant pas cet aspect sujet à controverse dans cet article, mais préférons vous avertir sur son caractère non-officiel dans la langue française.
Les termes épicènes
Très faciles à comprendre, les termes épicènes sont des mots qui s’écrivent et se prononcent de la même manière au masculin et féminin. Ils sont donc considérés comme plus inclusifs que d’autres formulations.
Pour vous donner deux exemples :
- Plutôt que de demander à un homme s’il a une femme ou une petite-copine, préférez plutôt l’utilisation du mot «partenaire» qui est plus neutre.
- À la place d’utiliser les mots «nombreux» et «nombreuses», préférez utiliser des équivalents tels que «d’innombrable… », «un grand nombre de… », «nombre de… »
Voici une liste de quelques mots épicènes que vous pourriez vous forcer à utiliser dans votre quotidien : membre, cadre, artiste, enfant, élève, collègue, bénévole, adulte, secrétaire, guide, maire, juriste, fonctionnaire, … Il en existe bien évidemment beaucoup d’autres, mais commencez déjà par cette courte liste. Vous vous rendrez certainement compte rapidement que c’est beaucoup plus difficile que cela n’y paraît d’adopter ces habitudes de langage.
Autres termes et formulations du langage neutre
Certaines situations nécessitent l’emploi de formulations qui ont tendance à évoquer le genre, sexe, ou tout autre aspect de l’interlocuteur ou la personne désignée. Le langage neutre va effacer ce genre de distinctions en mettant en place des formulations neutres. On pourra donc remplacer les mots «le» et «la» pour des personnes avec le pronom neutre «lea». De même pour les termes «elle» et «lui» qui pourront être remplacés par les mots «soi» ou «ellui». Lorsqu’il s’agit de pronoms possessifs, on remplacera les termes «ma» et «mon» par «man».
On dira donc : Je vais lea récupérer à l’école ce soir. Puis je vais faire avec ellui ses devoirs. Ensuite, j’irais à la piscine avec man collègue.
Quels pronoms sont utilisés dans le langage neutre ?
Il existe de nombreuses formes de pronoms neutres que l’on retrouve sur le web. Comme nous le rappelons plusieurs fois, votre choix de pronom est parfaitement libre. La courte liste suivante n’est donnée qu’à titre indicatif, et ne constitue en aucun cas une règle stricte. Voici donc les pronoms neutres les plus courants et utilisés :
Iel / Yel :
C’est le pronom non-binaire que l’on retrouve le plus souvent. Bien que majoritairement écrit «Iel», on retrouve aussi la forme alternative «Yel». C’est un pronom employé par de nombreuses personnes non-binaires, et sert également à désigner une personne lorsque l’on ne connaît pas son genre. À noter qu’à cause de sa connotation forte aux pronoms «il» et «elle», certaines personnes rejetant le spectre binaire homme/femme rejettent également le pronom Iel.
Ul / Ol / Yol :
Plutôt que d’utiliser iel ou yel, certains préféreront les pronoms ul, ol et yol. C’est particulièrement le cas des personnes non-binaires qui ne prennent en compte aucune notion des genres binaires. Mais ce n’est pas exclusif à ces personnes. Si vous aussi, vous préférez les pronoms ul, ol ou yol, ils sont ouverts à tous !
Im / Em :
Reprenant les premières lettres des pronoms classiques «Il» et «Elle», «Im» et «Em» sont deux pronoms qui sont souvent utilisés par des personnes qui s’identifient partiellement aux genres binaires. Par exemple, les demifilles choisissent souvent le pronom «Em». Quant à eux, les demigarçons utiliseront souvent le pronom «Im». Mais tout comme n’importe quel pronom, vous pouvez choisir celui qui vous convient le mieux en dépit de ces remarques !
Ille / El :
Les pronoms «Ille» et «El» semblent avoir repris les classiques de la langue française en inversant leurs voyelles respectives. Ils se prononcent de la même manière que «Il» et «Elle», avec une variante possible pour «Ille» qui peut se prononcer comme dans le mot «chenille».
Vous vous sentez encore perdu·e et souhaitez faire appel à nous ?
On peut aisément comprendre qu’appliquer toutes ces règles tout en rédigeant un discours, un compte-rendu ou vos devoirs n’est certainement pas le plus simple.
Aussi, notre équipe se tient à votre disposition si vous souhaitez faire appel à nous. Que ce soit de la rédaction, correction ou relecture de vos travaux, vous pouvez tout simplement nous envoyer un message à l’adresse suivante et nous reviendrons vers vous avec un devis sur mesure.
- Drapeau.lgbt@gmail.com
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Nous espérons que cet article pourra vous servir de bonne base pour développer un style d’écriture beaucoup plus inclusif. Si vous avez quelque question que ce soit, n’hésitez pas à utiliser la section des commentaires !
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Que d’hypocrisie !
J’ai 75 ans. Je me souviens encore très bien des bons professeurs (professeuses ??!!) de français. Elles étaient exigeantes et nous avons bien appris et retenu orthographe et grammaire.
L’emploi de : « les étudiants » : nous avions bien compris que ce mot était utilisé dans sa généralité et qu’il n’y avait aucune discrimination.
J’ai travaillé en milieu hospitalier : les femmes médecins étaient appelées Docteur et n’auraient pas accepté qu’on les appelle Doctoresse, cela aurait sous-entendu qu’elles n’étaient pas les égales des hommes médecins.
En primaire et collège qu’apprend-on aux élèves ? (Les cours orthographe et grammaire ont peut-être été supprimés !) L’essentiel c’est de savoir utiliser les « « et les .
De toute façon il suffit de lire les articles de presse sur Internet, bourrés de fautes d’orthographe, d’accord, de phrases mal construites pour se dire que dans quelques années ils ne sauront plus écrire. Mais paraît-il que les jeunes (ma petite fille de 12 ans a voulu me l’apprendre) ont créé leur propre langage. Bravo les gamins, vous êtes plus futés que tous ces censeurs décrits dans l’article ci-dessus.
Bonjour SERERO,
Tout d’abord, notre équipe est assez surprise d’être lue par une personne de 75 ans se souciant autant de l’avenir de l’orthographe et de la grammaire française. Nous ne pouvons que vous remercier de manifester votre mécontentement face au peu d’importance que certaines personnes portent à notre si belle langue. Mais il semblerait que, malgré la mise à mal de l’orthographe et de la grammaire par les jeunes générations, vous avez certainement bien plus grave à vous reprocher. En effet, vu les résultats de votre génération sur la Planète que vous nous laissez, cela vous vaut souvent le prix de pire génération (nous parlons ici des personnes auxquelles on se réfère par le terme anglais de “baby boomers”) ayant existée sur Terre. Aussi, l’orthographe et la grammaire semblent des sujets bien moins importants que l’avenir de l’humanité entier. Mais après cette remise en perspective, revenons plutôt au sujet principal :
Ne vous faites pas trop de mouron, certaines personnes du corps enseignant restent exigeantes envers leurs élèves, et les cours de grammaire et d’orthographe existent encore. Pour revenir sur votre “professeuse”, sachez que ce mot existe même s’il est généralement écarté au profit du mot “professeur”, terme à l’origine masculin mais devenu epicène dès 1840. Il existe même d’autres variantes comme professeure, ou encore professoresse. Et tant qu’à être sur le sujet du corps enseignant, sachez que certain·e·s professeurs ont également gardé à l’esprit l’avenir de la langue de Molière qui est, nous pouvons vous l’accorder, en train de se perdre avec l’aide des nouvelles générations et leurs addictions aux technologies. Soit dit en passant, ces technologies découlent tout droit de ce que votre génération a souhaité pour celles futures, même si nous pouvons nous entendre sur le fait que l’utilisation des moyens mis à notre disposition reste discutable.
Pour ce qui est des fautes d’orthographe, il en existe certainement encore sur le site. Nous faisons notre possible pour relire et corriger ces dernières avant publication de tout contenu. Mais on peut également considérer de manière générale que le fond est plus important que la forme. S’attarder sur la forme nous éloigne de la compréhension de la substance, ce qui n’est clairement pas une bonne utilisation de notre temps. Pour ce qui est de la création d’un langage, ce n’est certainement pas la seule génération à vouloir le faire. Depuis les années 1950, on a par exemple vu s’ajouter au dictionnaire des mots comme contraceptif (1955), rock (1956), hypermarché (1970), caméscope (1982), doudou (1985), smartphone (1993), ou écoquartier (2002). Ces mots sont arrivés avec les changements apportés à nos modes de vie. L’évolution de la langue française n’est donc pas une nouveauté, et on voit ainsi aujourd’hui des mots comme boloss, cougar, selfie, s’enjailler, bobo ou encore spam imprimés sur les pages du dictionnaire Larousse ou Petit Robert alors qu’ils étaient considérés comme faisant parti du “langage jeune” à la base. Contrairement à ce que vous semblez penser face à ces évolutions, nous adoptons de notre côté le point de vue que créer des mots pour mieux décrire le monde est positif dans le sens où cela permettra de mieux décrire nos activités, nos sentiments, l’environnement qui nous entoure, et d’enrichir les échanges. Certains chercheurs et experts sur ces sujets estiment que le développement de la race humaine a largement été favorisé par notre capacité à créer des langages complexes.
Dans tous les cas, vous êtes libre de penser ce que vous voulez de cet article. De notre côté, nous trouvons vos arguments relativement vides. Non seulement, des arguments d’autorité ne sont jamais bons dans une conversation. Ce n’est pas parce que l’on est médecin que notre diagnostique est 100% du temps correct. Ce n’est pas parce que l’on est professeur que tout ce que l’on peut dire est vrai. Ce n’est pas parce que vous avez travaillé en milieu hospitalier que vous connaissez le ressenti de toutes et tous, ou le ressenti actuel puisqu’il est également amené à changer au fil du temps. Après tout, le monde évolue constamment. La principale caractéristique de toute espèce vivante qui veut survivre au fil du temps est son obligation à s’adapter à son environnement. Mais également, brandir haut et fort le mot “hypocrisie” dès qu’un texte ne va pas dans votre sens est certainement le meilleur moyen de se mettre votre interlocuteur à dos sans même avoir commencé à échanger. Cela montre facilement votre point de vue, et a peu de chance de convaincre. Vous devez certainement savoir que le meilleur moyen de franchir un mur n’est pas de foncer tête baissée dedans, mais de le contourner. C’est aussi valable pour les échanges, qu’ils soient de nature verbale ou textuelle.