Les actualités LGBTQI+ du mois d’avril 2023
Avant de commencer cet article, permettez-nous, en ce 1er mai 2023, de vous souhaiter une excellente fête du travail. Puisse cette fin de long week-end se passer de la plus agréable des manières et vous apporter bonheur et joies. De notre côté, nous allons essayer de nous en tenir à nos habitudes : vous apporter les nouvelles arc-en-ciel de ces dernières semaines.
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- La tribune de la fédération LGBTI+ pour honorer la mémoire de toutes les personnes déportées
- Jeux olympiques de Paris : précisions sur les réglements concernant les personnes trans
- Après la police, les pompiers anglais font face à des accusations d’homophobie, de racisme et de sexisme
- Les thérapies de conversion interdites au Portugal
- La Hongrie publie une loi LGBTphobe dénoncée par de nombreux pays européens
- Les républicains du Montana écartent une élue trans démocrate de ses fonctions
- Les mesures LGBTphobes continuent de gagner du terrain en Floride
- Une députée trans du Venezuela candidate à la présidentielle
- Ouganda : le Président demande un rééxamen de la loi anti-LGBTQI+
La tribune de la fédération LGBTI+ pour honorer la mémoire de toutes les personnes déportées
Intitulée «Face aux haines d’aujourd’hui et de demain, honorer la mémoire de tou·te·s les déporté·e·s», la Fédération LGBTI+ publiait cette tribune le 27 avril en vue de la Journée nationale du souvenir des victimes et héros de la déportation. C’est une journée importante qui célèbre nos morts de la Seconde Guerre mondiale, mais qui ne mentionne pas assez les victimes déportées en raison de leur orientation sexuelle ou identité de genre.
La tribune souligne plusieurs points que l’on ne trouve pas forcément dans les médias traditionnels comme le rappel que ce n’est qu’à partir de 2005 que l’ancien Président français Jacques Chirac avait reconnu les déportations de France en raison d’orientation sexuelle ou identité de genre. Un rappel de la collaboration d’une partie de la population française avec les nazis pour que ces déportations aient lieu fait également parti de notre passé, et ne doit pas tomber dans l’oubli.
Rappelant également le rôle qu’a le tissu associatif français dans ces événements, la tribune mentionne également l’inquiétante montée d’extrême droite et les discriminations et stigmatisations touchant les minorités au sein de l’Union Européenne. Certaines de celles-ci sont d’autant plus inquiétantes car elles émanent de la volonté des gouvernements qui organisent et alimentent ces répressions. La France n’est pas étrangère à ces dérives, pointée du doigt pour une pente autoritaire récente traduite par un durcissement des pouvoirs publics face au peuple, les répressions de plus en plus violentes et systémiques face aux mouvements sociaux allant à l’encontre de la législation en vigueur, ce constat étant partagé par de nombreuses instances et associations de défense des Droits de l’homme internationales.
Aussi, et si vous n’avez pas participé aux événements de commémoration d’hier, notre équipe vous invite à prendre le temps de réfléchir à ces sujets et d’avoir une mémoire pour celles et ceux morts du racisme, de la xénophobie, ou encore des LGBTphobies.
Jeux olympiques de Paris : précisions sur les réglements concernant les personnes trans
Invitée sur Franceinfo, la ministre française des Sports et des Jeux olympiques revenait sur un sujet qui a beaucoup fait parler de lui à l’échelle globale : la place des personnes trans dans les compétitions sportives. Le mentionnant comme un sujet «difficile et évolutif dans lequel on doit naviguer entre deux exigences : inclusion et respect de l’équité sportive», la ministre précisait ce qu’il en serait pour les Jeux olympiques de 2024 organisés dans la capitale française.
La ministre ne s’est cependant pas mouillée en remettant, tout comme l’a fait le Comité International Olympique, la responsabilité sur le dos des fédérations sportives internationales qui décideront pour leurs disciplines respectives. Elle précisait notamment que «il y a des différences d’une discipline à l’autre». De quoi semer une incompréhension la plus totale et risquant de décrédibiliser l’organisation des jeux, tout cela en plus de continuer à faire exister des discriminations dans le sport.
Confirmant également que les pays ne sont pas tous au même stade en terme d’inclusion, elle précisait que «le progrès scientifique va éclairer la décision de ces acteurs». Elle faisait allusion à la testostérone et le rôle qu’elle peut jouer dans l’amélioration des performances sportives chez certaines et certains athlètes trans.
Malheureusement, le «pays des Droits de l’homme» ne semble pas prendre le chemin le plus difficile en laissant les instances internationales décider à sa place ce qui aurait pu marquer un précédent dans le sport compétitif et établir de nouvelles normes internationales en la matière.
Après la police, les pompiers anglais font face à des accusations d’homophobie, de racisme et de sexisme
Le mois dernier paraissait un rapport sur la police anglaise concernant ses dérives et pratiques discriminantes, racistes et LGBTphobes. Nouveau scandale avec un autre rapport qui a été publié, en réalité, le 30 mars dernier, et remettant en cause les sapeurs-pompiers outre-Manche. Se concentrant principalement sur des casernes de la capitale anglaise, le rapport dénonce de nombreux incidents à caractère misogynes, racistes, ainsi que des intimidations et du harcèlement.
Parmi certains de ces incidents sexistes et marquants relevés dans le rapport, on retrouve par exemple le cas de femmes sapeurs-pompiers victimes d’attouchements, battues ou encore voyant leurs casques remplis d’urines. Le rapport dénonce également des visites de sécurité incendie où les pompiers fouillent à la recherche de sous-vêtements féminins ou jouets sexuels.
Du côté des incidents racistes et xénophobes, un pompier d’origine africaine aurait vu placé sur son casier un nœud coulant tandis qu’un collègue musulman trouvait, glissé dans ses poches, du bacon ou des saucisses. Ce dernier a également retrouvé sur son casier un prospectus pour une ligne d’appel d’urgence pour lutter contre le terrorisme. Le rapport souligne également de nombreuses plaintes de personnes de couleur pour insultes raciales.
Suite à ce rapport, la LFB (Brigade des Sapeurs-Pompiers de Londres) a mis en place des actions effectives immédiatement. Notamment, on compte l’utilisation de caméras corporelles, et en appliquant une tolérance zéro pour toute dérive (discrimination, harcèlement, intimidation, …) qui entraîneront une suspension immédiate. La brigade a mis également en place un service externe pour traiter les plaintes et annoncé le remaniement de la direction à l’échelle de la brigade. Il faut espérer que cela aidera ces hommes et femmes à prendre une nouvelle direction pour le meilleur.
Les thérapies de conversion interdites au Portugal
Un pays de plus s’ajoute à la liste : le Portugal a interdit les thérapies de conversion le mois dernier. Mais en plus, le Parlement du pays a adopté des mesures inclusives telles que l’autodétermination de genre dans les écoles.
C’est le 20 avril que le Parlement du Portugal a changé la loi avant de condamner les personnes responsables de thérapies de conversion, mais également toutes celles les facilitant ou faisant leur promotion.
Cela suit un mouvement qui prend de l’ampleur dans le monde, et principalement la partie Occidentale, et qui vise à condamner ces pratiques souvent liées à des raisons pseudo-médicales démontrées comme fausses ou des idéologies religieuses.
En effet, ces pratiques sont souvent traumatisantes pour les personnes concernées et ont rendu le Parlement Européen bipolaire. D’un côté, les pays qui sont majoritairement de l’Ouest de l’Europe et qui militent en faveur d’un bannissement à l’échelle de l’Union les thérapies de conversion. De l’autre, des pays situés plus à l’Est qui, par leurs actions au niveau national et discours, demandent des changements en faveur d’un recul des droits des personnes LGBTQI+.
Le Parlement du Portugal changeait également la loi du pays en faveur de l’autodétermination de genre dans le domaine scolaire. Des changements qui ont été salués dans de nombreux pays.
La Hongrie publie une loi LGBTphobe dénoncée par de nombreux pays européens
Le 6 avril dernier, le gouvernement français a annoncé qu’il s’associait aux pays soutenant le recours de la Commission européenne visant la loi LGBTphobe hongroise datant de juin 2021. La France rejoignait donc, en même temps que l’Allemagne, une quinzaine de pays dénonçant cette loi venue de Hongrie.
Nous vous avions déjà mentionné à plusieurs reprises cette loi LGBTphobe venue du pays de Viktor Orbán et accusée de violer directement les principes de respect des Droits humains et de la non-discrimination prônées par l’Union Européenne. Cette loi si controversée interdit dans le pays toute représentation ou promotion de l’homosexualité ou du changement de genre auprès des personnes mineures. Le 19 avril, le Premier ministre du Luxembourg Xavier Bettel dénonçait également cette loi. Il déclarait devant l’Hémicycle que «Si quelqu’un dans cette assemblée pense que l’on devient homosexuel puisqu’on a regardé la télé, si quelqu’un pense qu’il est devenu homosexuel parce qu’il a écouté une chanson, vous prouve qu’il n’a rien compris». Il rajoutait à cela que «Le plus dur pour un homosexuel, c’est de s’accepter soi-même. On ne demande pas de pitié, on ne demande pas de solidarité, on ne demande pas de compassion, on demande juste du respect», avant de rappeler que les LGBTphobies tuent.
Au Parlement européen, Xavier Bettel, Premier ministre du Luxembourg lance une charge contre les lois anti-LGBT+ en Hongrie : "On ne demande pas de pitié, pas de solidarité, ni de compassion. On demande juste du respect." pic.twitter.com/t6Afg7ODGK
— Nicolas Scheffer (@scheffern) April 20, 2023
Le 24 avril, de larges groupes politiques du Parlement européen adressaient une lettre à la Commission, avec une demande d’utiliser tout moyen disponible pour contrer une loi hongroise autorisant ses citoyens à dénoncer anonymement les personnes redéfinissant le mariage comme autre que l’union entre un homme et une femme, mais également celles questionnant la conception traditionnelle hongroise de ce qu’est une famille. La loi restreint également les possibilités des enseignants dans les domaines du mariage, de l’orientation sexuelle et de l’identité de genre. La Commission a cependant répondu que, la loi ayant été «renvoyée et le processus parlementaire toujours en cours», la Commission n’interviendrait qu’en temps et en heure. La loi n’est en effet pas passée grâce au veto de la présidente du Parlement hongrois Katalin Novak. Cette dernière estime que la mise en application était très compromise en l’état et qu’un réexamen était donc nécessaire.
Nous vous tiendrons au courant des déroulements de cette affaire. On peut cependant garder en mémoire que la Hongrie est déjà sanctionnée par la suspension de plus de 12 milliards d’euros d’aides venues de l’UE à cause de ses positions. Cela pose notamment une question : jusqu’où est-ce que le pays de Viktor Orbán est prèt à aller pour son idéologie LGBTphobe ?
Les républicains du Montana écartent une élue trans démocrate de ses fonctions
Cette histoire a fait un peu de bruit sur les réseaux sociaux ces derniers jours : une élue américaine démocrate et trans s’est vue écartée de ses fonctions par l’opposition, majoritaire dans l’État du Montana. Interdite de prendre la parole dans un premier temps, elle s’est même vue suspendue jusqu’à la fin des débats en cours et ne pourra voter qu’à distance.
Les débats portent sur un projet de loi qui viserait à rendre impossible l’accès aux soins nécessaires à une transition aux mineurs. L’élue, Zooey Zephyr, est fermement opposée à ces changements et l’a fait savoir d’une manière virulente à ses collègues qui, selon elle, «devraient avoir honte de faire passer une telle loi». Mais certains de ses propos ont malheureusement été jugés comme contraire au règlement de l’institution étatique, ce qui lui a valu les sanctions mentionnées. La principale intéressée dénonce ce traitement et le juge particulièrement antidémocratique et LGBTphobe. Elle refuse également de présenter des excuses, condition pour qu’elle puisse reprendre son siège au sein du Parlement.
Ce n’est malheureusement pas la seule nouvelle venue du pays de l’Oncle Sam à caractère LGBTphobe du mois dernier, comme on va le voir dans le prochain sujet ci-dessous.
Les mesures LGBTphobes continuent de gagner du terrain en Floride
Nous vous avons déjà évoqué à plusieurs reprises les mesures LGBTphobes prises au niveau de l’État de Floride aux États-Unis. Ron DeSantis, gouverneur de l’État, continue dans sa lancée avec l’interdiction à tout niveau scolaire l’enseignement des sujets touchant de près ou de loin l’identité de genre ou l’orientation sexuelle.
Extension de la loi «Don’t say gay» dont nous avons déjà parlé à plusieurs reprises, le texte ne concernait jusqu’à présent que la partie de l’enseignement obligatoire des jeunes enfants. Il est désormais étendu jusqu’aux classes de lycée et, mis à part les enseignements rendus obligatoires par les normes académiques de Floride, interdit les enseignements autour de l’orientation sexuelle ou identité de genre. Toute personne faisant parti du corps enseignant transgressant cette nouvelle règle se verrait suspendre ou potentiellement retirer son droit d’enseigner.
Le gouverneur DeSantis incarne l’Amérique de droite conservatrice et mène une politique LGBTphobe avec un accent mis sur l’éducation apportée aux enfants. Cela lui apporte régulièrement des critiques toutes aussi virulentes, ce qui ne l’empêche pourtant pas d’être un potentiel candidat à la présidentielle de 2024 et représenter les républicains. De quoi inquiéter de nombreuses personnes dans cette Amérique divisée sur de nombreux sujets, dont les questions d’inclusivité pour les minorités.
Une députée trans du Venezuela candidate à la présidentielle
Le 13 avril dernier, la militante des droits LGBTQI+ et première députée trans vénézuélienne annonçait qu’elle se présentait aux primaires de l’opposition prévues pour fin octobre 2023. La candidate qui était devenue députée en 2016 veut faire avancer les questions d’inclusivité dans ce pays toujours en retard par rapport à nombre de ses voisins.
Tamara Adrian, cette avocate et professeure d’université de 69 ans, dénonce notamment le gouvernement de laisser de côté une partie de la population. Elle pointe du doigt le nombre de barrières administratives, les absences de moyens mis en œuvre pour inclure toutes et tous, mais également le gouvernement de LGBTphobie. Le pays n’a pas encore légalisé le mariage pour toutes et tous, et ne reconnaît pas non plus les unions entre personnes de même sexe.
En plus de cette absence de reconnaissance et légalisation, les couples de même sexe n’ont pas les mêmes droits et protections que ceux hétérosexuels. Par exemple, les couples de même sexe n’ont légalement aucun accès à l’adoption.
Alors que le Président Nicolás Maduro s’était exprimé comme favorable à l’adoption du mariage pour toustes fin 2017, les discussions sur le sujet ont été reportées continuellement depuis 2018. Mais un sondage réalisé par Meganálisis semble montrer que le sujet ne fait pas l’unanimité, bien au contraire. La majorité de la population (73%) serait, selon la firme vénézuélienne, contre l’adoption du mariage pour les personnes de même sexe.
Tenemos candidata! @TamaraAdrian es la mejor opción a nivel de preparación, visión y dignidad#ConTodosParaTodos #Venezuela#Primarias2023#QueNadieSeaDejadoAtras pic.twitter.com/7aXIFs6vGG
— Unidos Por La Dignidad (@TodesDignidad) April 15, 2023
Ouganda : le Président demande un rééxamen de la loi anti-LGBTQI+
Alors que ce pays d’Afrique a récemment fait passer une loi qui prévoit de punir jusqu’à la peine de mort les personnes homosexuelles, cette dernière n’est toujours pas entrée en vigueur. On a vu une demande du Président lui-même directement faite devant le Parlement, ainsi que de nombreux juristes et élus appeler pour un réexamen de cette décision critiquée au niveau national mais surtout sur la scène internationale.
Dans son discours, le Président Yoweri Museveni a notamment demandé, non pas de décriminaliser les relations intimes entre personnes de même sexe, mais de reconsidérer la sanction appliquée aux personnes qui sont homosexuelles. Cette demande est particulièrement importante car elle viendrait distinguer le fait d’être une personne homosexuelle du fait de s’adonner aux plaisirs de la chair pour ces dernières. Le Président considère que le texte voté nécessite une révision et une reconsidération de ses implications.
Bien évidemment, et malgré une atténuation significative des textes demandée par le Président, cette loi n’empêcherait pas les conséquences dramatiques pour les personnes LGBTQI+ d’Ouganda. C’est malheureusement un projet de loi qui n’est pas à la hauteur des normes internationales actuelles. Mais cet appel à une révision de la part du Président doit tout de même être considéré comme une petite victoire pour un texte qui avait été décrié comme «le pire au monde dans son genre» par certaines instances internationales.
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Ces actualités LGBTQI+ du mois d’avril 2023 se terminent sur cette dernière actualité venue d’Afrique.
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