Genderfluid ou non-binaire, quelles différences ?
À une époque où le nombre de termes définissant notre orientation sexuelle et identité de genre se multiplient, il est parfois difficile de s’y retrouver. Et en se rapportant aux définitions pourtant simples, on peut avoir du mal à comprendre parfaitement la signification des termes. Dans cet article, nous allons vous présenter les différences entre une personne genderfluid, et une non-binaire.
Définitions
Avant toute chose, il est important de se mettre d’accord sur les définitions des mots genderfluid et non-binaire. Cela permettra à tout le monde de partir des mêmes bases. Si vous cherchez d’autres termes, nous avons un lexique dédié aux termes LGBTQI+ les plus fréquents.
Genderfluid :
Nous définissons comme personne genderfluid toute personne qui ne se caractérise pas par un genre fixe, mais qui va varier au fil du temps. Il existe une variante française du mot anglais genderfluid qui n’est autre que «fluide de genre».
On peut donc qualifier de genderfluid un individu qui se considérait homme l’année dernière, mais pangenre aujourd’hui. Il faut comprendre également que cette définition en elle même n’est pas fixe selon les personnes interrogées.
Le drapeau genderfluid
Non-binaire :
Une personne se qualifiant comme non-binaire n’appartient pas aux genres binaires (homme/femme). Cela semble relativement logique voire évident par rapport à la construction du mot. Mais qu’est-ce que cela signifie exactement ?
Une personne non-binaire ne s’identifiera donc pas comme homme ou femme. L’identité de genre pourra se trouver entre les deux, ou bien totalement à l’extérieur du spectre binaire. Le terme est souvent considéré comme un synonyme de genderqueer.
Le drapeau non-binaire
Personnes connues genderfluid et non-binaire
Parmi des exemples de personnes connues qui s’identifient comme genderfluid ou non-binaire, on retrouve les 4 suivantes. Cette liste est non-exhaustive, et donnée à titre d’exemple uniquement :
• Jaden Smith
Fils de l’acteur Will Smith, Jaden devient célèbre grâce à son rôle dans les films À la recherche du bonheur, Karate Kid. Ou encore After Earth.
En plus d’être acteur, Jaden est également mannequin, rappeur, danseur et compositeur. Il est très à l’aise avec son identité genderfluid. Il mène également son propre combat contre les LGBTphobies et discriminations. Jaden évoque notamment «encaisser pour que la génération de ses enfants et petits enfants n’aient pas à subir ces pressions» en portant par exemple des vêtements de femme.
• Ruby Rose
Mannequin australien, animatrice de télévision, actrice ou encore réalisatrice et DJ, Ruby Rose est très connue au sein de la communauté LGBTQI+. Notamment grâce à son rôle de Stella dans la série Orange Is The New Black.
Elle assume parfaitement le fait d’être genderfluid. Elle racontait même à The Edit qu’elle voulait un prénom de garçon quand sa mère voulait une princesse.
• Lachlan Watson
Acteur américain né en Caroline du Nord en 2001. Lachlan est connu pour être non-binaire dans comme en dehors de la série qui le rend célèbre : Les Nouvelles Aventures de Sabrina.
Il assume le fait d’être queer et non-binaire, mais ce n’était pas toujours le cas. Lachlan se disait lesbienne à 13 ans, puis trans avant de se déclarer non-binaire. Pour lui, il n’est pas genderfluid, mais plutôt «libre de genre».
• Amandla Stenberg
L’actrice américaine Amandla est notamment connue pour ses rôles dans Hunger Games, Colombiana, et Everything, Everything.
Elle déclarait en 2016 qu’elle était non-binaire sur son compte Tumblr. Elle précisait être lesbienne, même si elle ne se considère pas tout le temps comme une femme. Amandla évoquait également vouloir changer de pronoms à un moment donné. Puis elle abandonna l’idée car elle se sentait tout de même à l’aise avec elle-même sans changement.
Les différences entre une personne genderfluid et non-binaire
Le terme non-binaire est un terme parapluie qui englobe toutes les personnes qui ne se considèrent pas sur le spectre binaire homme/femme.
Non-binaire inclût également les personnes qui se considèrent entre le genre masculin et le genre féminin. Cependant, certaines personnes ne souhaitent pas s’identifier à la définition de non-binaire alors qu’on pourrait les penser comme tel.
C’est par exemple le cas des personnes agenres. Agenre est également un terme parapluie qui comprend toutes les personnes sans genre.
Une personne genderfluid pourra, pour donner un exemple simple à comprendre, se considérer comme une femme un jour mais homme le lendemain. La fluctuation dans l’identité de genre des personnes genderfluid n’est évidemment pas limitée à ceux binaires, bien qu’elle soit souvent la principale.
On notera qu’une personne non-binaire ne sait parfois pas bien se définir. Elle sait qu’elle n’appartient pas au spectre binaire homme/femme, mais n’a pas forcément connaissance d’un ou plusieurs termes plus exacts pour se qualifier. Une personne genderfluid, elle, a conscience de sa fluidité. Elle se définira d’une manière assez précise.
Genderfluid et non-binaire : les points communs
Tout d’abord, il est simple de rappeler que les deux termes définissent tous deux une identité de genre. Cela veut surtout dire que les deux termes n’ont rien à voir avec l’orientation sexuelle des individus. Il viennent surtout décrire un ressenti d’une personne face à son identité de genre. En effet, ce n’est pas parce qu’on naît garçon que l’on se sent homme.
Le drapeau genderqueer
Par ailleurs, il existe un autre point commun entre les deux termes qui, à priori, sont très différents. Bien que des nuances existent, genderfluid et non-binaire sont des synonymes acceptés du mot genderqueer. En effet, le mot genderqueer définit toute personne qui s’identifie à un genre fluide (genderfluid) ou qui n’est pas reconnu et/ou accepté dans la société (non-binaire).
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Franchement je ne suis pas beaucoup plus avancée. J’ai l’impression que non binaire est plus une sorte de positionnement politique qu’une identité mais je ne suis vraiment pas sûre d’avoir bien compris.
Est-ce que le fait d’être appelé il ou elle est une souffrance quotidienne pour une personne non-binaire, comme ça peut l’être pour une personne transgenre? Est-ce que c’est plutôt un refus des normes actuelles qui régissent notre société de manière très binaire?
Peut-on dire que les binaires ont toujours existés en n’ayant pas la parole ou Est-ce l’émergence d’un mouvement qui lutte contre la binarité en général?
Bonjour Confusion,
Tout d’abord, merci pour vos interrogations. Nous allons revenir ensemble point par point sur vos réflexions sur le sujet.
Tout d’abord, on peut observer que tout est politique. Chaque prise de position va se mettre en opposition par rapport à une autre, mais il existe plusieurs cas de figure. Dans le cas des personnes non-binaires, elles s’inscrivent plutôt dans un combat pour l’acceptation de leurs droits. On peut relater cela au droit à la PMA qui veut l’élargissement des droits, ou, pour changer de sujet, la reconnaissance des droits des animaux de 2015, reconnaissant un animal comme “être vivant doté d’une sensibilité”. Dans ces combats, tout ce qui s’ajoute à un côté de la balance ne vient pas systématiquement retirer au contrepoids.
En ce qui concerne l’appelation par un pronom qui diffère de celui auquel vous vous associez, c’est en effet une souffrance pour beaucoup de personnes non-binaires. Vous pouvez vous rendre sur notre article concernant la dysphorie de genre qui évoque un sujet lié à ce mal-être. Mais, pour vous rendre compte de la chose simplement, comment le prendriez-vous si vous êtiez toujours rapportée au pronom “il”, et qu’à la place de vous qualifier de “belle”, “intelligente”, “curieuse”, et cela marche avec n’importe quel autre adjectif qualificatif qui s’accorde au genre du sujet, votre entourage vous qualifiait de “beau”, “intelligent”; “curieux”, … C’est certainement quelque chose qui dérangerait une majorité si cela s’inscrivait sur du long terme. Alors si vous êtiez particulièrement attentive et sensible à cet aspect, ce malaise qui peut se transformer en mal-être n’en serait que multiplié.
Notre société est très binaire sous de nombreux aspects. Sortir des cases dans lesquelles on peut nous ranger est parfois difficile. Et cela vaut pour beaucoup plus que l’identité de genre, ou l’orientation sexuelle. De part ces faits, il y a énormément de personnes qui refusent les normes imposées par la société, et cette prise de position va bien au delà des personnes non-binaires. Mais dans la majorité des témoignages et mails que nous recevont, les personnes ne se soucient guère de la société et ses normes dans un aspect aussi général. Ces témoignages sont souvent liés à un vécu personnel, et la manière dont ces personnes sont traitées et vues dans/par leur entourage. Il nous semble donc que le mal-être et la détresse qui nous est relayée viennent réellement de la non-acceptation de ce que ces personnes sont par la société, plus qu’une volonté de rejet de la société et ses codes en soi. L’un peut éventuellement entraîner l’autre. Si une personne vous ignore, les chances sont que vous finirez par l’ignorer également. Mais est-ce que l’un annule la crédibilité de l’autre, nous en sommes peu convaincu, et cela reste à démontrer. À notre sens, personne ne devrait remettre en cause la perception que les autres se font d’eux-mêmes, ou du monde, en disqualifiant tout propos et tout ressenti. Nous sommes toutes et tous biaisé·e·s par le fruit de nos expériences, par notre entourage, par nos origines, … Enfin, pour terminer, il existe des sociétés dans lesquelles cette binarité n’existe pas à la base. Les sociétés autochtones d’Amérique acceptaient plus que deux genres avant l’arrivée des colons et du christianisme. Pour reprendre un autre exemple, l’Afrique possédait des prêtres (shamans pour utiliser un vocabulaire plus précis) qui se travestissaient, ou des sociétés polygames sans que cela ne choque. L’Histoire a montré que la religion a façonné le monde d’une manière bien spécifique. Peut-on et devrait-on vraiment accepter que ce soit la seule manière de concevoir les choses, et l’imposer comme un fait universel ? Probablement pas.
On sait que l’Histoire est écrite par les vainqueurs. D’ailleurs, on découvre encore beaucoup d’aspects insoupçonnés par rapport à des époques lointaines par des fouilles, et qui n’existent pas dans les écrits (quand il y en a, puisque l’écriture n’est pas si ancienne que cela dans l’Histoire des hommes). On sait par exemple que les relations entre personnes de même sexe étaient autorisées dans l’Égypte antique, et ce même entre personnes mariées. Aujourd’hui, ces comportements sont largement condamnés. Alors pourquoi écarter l’existence de personnes non-binaires, et d’évoquer un “éveil soudain” de ces dernières ? Cette formulation semble partir d’un constat personnel qui est largement orienté vers une décrédibilisation de ces personnes plus qu’autre chose. Tout d’abord, comment prouver que les personnes non-binaires n’ont pas eu la parole dans l’Histoire ? En réfléchissant un peu, l’orientation sexuelle et l’identité de genre sont des sujets toujours tabous de nos jours, alors quelques décennies ou siècles en arrière, nous vous laissons imaginer la chose. Ensuite, la société n’a peut-être pas toujours défini les individus par rapport à ces aspects. Lorsque la priorité du groupe est sa survie, ces aspects semblent devenir triviaux. Il est fort probable que nous ayons des personnes non-binaires très connues dans l’Histoire, mais nous ne retenons pas cet aspect de leurs personnes. Après tout, et pour ne citer qu’un exemple, Leonard De Vinci est connu pour être un avant-gardiste en terme d’inventions, et un artiste méritant sa propre catégorie. Mais des rumeurs circulent sur son possible penchant pour les hommes. Faudrait-il l’afficher sur les livres d’Histoire et d’Art ? Chance est que ce n’est ni pertinent, ni nos affaires. Si c’est valable pour lui, pourquoi pas pour d’autres ? Enfin, et pour terminer avec ces questions, les personnes non-binaires ne semblent pas lutter contre la binarité, mais pour l’acceptation de la non-binarité. Il y a une grande différence entre les deux, comme évoqué plus haut avec le système de balance. Mais pour reprendre une autre illustration, le combat des personnes non-binaires ne s’inscrit pas dans un système bipolaire comme ce que l’on a pu connaître avec la Guerre froide. Ajouter à l’un ne retire pas de facto à l’autre. Si l’on parle de lutte, elle concernerait plutôt l’acceptation des droits des personnes non-binaires par les personnes binaires, plus que d’une lutte contre la binarité.
Nous espérons que cela vous aidera à y voir un peu plus clair, et que vous réussirez à mieux comprendre les personnes non-binaires. Si vous avez d’autres interrogations, ou des commentaires par rapport à cela, n’hésitez pas à nous solliciter à nouveau. Nous nous ferons un plaisir d’échanger avec vous sur ces sujets. L’équipe de Drapeau-LGBT vous souhaite, en tout cas, un agréable mois de décembre, et avec un peu d’avance, d’excellentes fêtes de fin d’année.
Pourquoi est-ce que vous présentez des personnes non-binaires en prenant bien soin d’aller chercher les pronoms des genres qui leur ont été assignés ? Il existe dans la langue française un ensemble de mot, iel, ael, ul… Qui permettent de genrer correctement les personnes. À partir du moment où vous ne le faites pas quel est l’intérêt écrire un article sur le sujet.
Bonjour Fatigue,
Votre commentaire est pertinent et nous pouvons y répondre d’une manière assez simple et courte : lors de l’écriture de cette article, nous avons vérifié les pronoms que préféraient toutes les personne citées, ou ceux employés par ces dernières ou les entités auxquelles ces personnes étaient proches. C’est ainsi, pour citer le premier exemple, que Jaden Smith utilisait les pronoms he/him/his, de même pour son entourage proche lorsqu’ils parlaient de lui. Il est possible, l’article datant d’il y a plusieurs années, que certaines personnes citées ici aient changé leurs préférences en terme de pronoms en cours de route, auquel cas nous vous prions de nous excuser de ne pas avoir changé cela. Il faut bien comprendre que mettre à jour tout le contenu de notre site n’est pas évident et est extrêmement chronophage.
Vous noterez également que notre article utilise les pronoms “il” et “elle” sans se rapporter à des personnes dans sa première partie (“Il existe une variante française” est une expression qui ne se rapporte à personne en particulier). Également, et c’est retrouvable un peu partout sur le site, lorsque l’on évoque : “un individu”, ce sera forcément “il” en bon français. Si l’on utilise l’expression “une personne”, ce sera forcément “elle”. Ety cela en dépit du genre de l’individu ou de la personne mentionnée.
En espérant que cela répondra à votre question, nous vous souhaitons une excellente fin de mois d’août 2023. Prenez bien soin de vous et vos proches.