Le suicide d’une lycéenne trans de Lille

Colère et émotions en France après le suicide d’une jeune lycéenne trans de 17 ans ce mardi 15 décembre 2020.

Et pour cause, son suicide révèle de nombreux points défaillants dans le système éducatif. Mais également, cette affaire révèle des manquements flagrants dans la prévention du suicide et connaissances des personnes trans. Explications sur le cas tragique de la jeune lycéenne trans de Lille.

Retour rapide sur la situation

Le 2 décembre, le Lycée Fénelon de Lille décide de renvoyer une de ses élèves. En effet, la jeune femme trans ne serait pas autorisée à aller en cours car elle portait une jupe. Dans une vidéo partagée sur les réseaux sociaux, on voit la discussion tendue de la jeune lycéenne et sa CPE (Conseillère Principale d’Éducation). Cette dernière critique tout d’abord vivement sa tenue.

La suite de la conversation concerne surtout la compréhension et le rapport aux autres. La CPE affirme comprendre l’envie de la jeune lycéenne d’être elle-même, et vouloir l’accompagner. Mais elle justifie sa décision par le fait que la sensibilité et l’éducation de chacun soit différente. Lorsque la jeune trans lui répond qu’il faudrait dans ce cas éduquer les autres, la CPE affirme comprendre et être d’accord. La vidéo se termine sur les paroles de la jeune défunte qui confirme «qu’elle ne comprendra jamais».

Là où la situation était déjà un peu tendue, le lycée revient mettre de l’huile sur le feu après le suicide de la jeune femme. Dans un communiqué, le proviseur du lycée mégenre l’élève décédée. Cela faisait réagir les associations et élèves qui pointent du doigt l’établissement dans la mort de la jeune trans.

Une minute de silence pour la jeune élève trans était observée ce vendredi 18 décembre au sein de l’établissement. «On n’accuse pas, on veut juste que les choses changent.» confiait un des élèves présents pour rendre hommage à la jeune lycéenne.

D’autres problèmes font surface

Cette affaire met notamment en lumière les LGBTphobies, et particulièrement la transphobie dans ce cas, toujours présentes dans notre société. Et ce au sein même du système éducatif. Plus encore, cela montre que ce même système manque de moyens et formations pour assurer une prise en charge des élèves en difficulté. Et notamment lorsqu’il s’agit de personnes LGBTQI+ et discriminations des différentes minorités. Les LGBTphobies sont une thématique prévue dans les programmes scolaires. Malgré cela, beaucoup d’élèves affirment ne jamais en avoir entendu parler en classe.

Feuilles papier couleurs arc-en-ciel

Une affaire est toujours en cours pour déterminer les causes de la mort de la jeune trans. Mais selon le rectorat, un accompagnement de l’élève était déjà en place entre son établissement et son foyer. La jeune femme trans était déjà en cours de transition. Elle prenait des hormones depuis 4 mois, et entendait déposer un changement d’état civil début d’année prochaine. Elle commençait même à évoquer des possibles nouveaux noms comme Luna, ou Avril.

Selon certains de ses camarades, la situation au lycée semblait aller mieux. L’établissement lui aurait présenté des excuses pour le renvoi. La lycéenne trans se sentait mieux au lycée, et parlait de l’événement avec ses ami(e)s. Selon eux, son renvoi lié à sa tenue vestimentaire serait de manière peu probable la raison de son acte de désespoir.

Un autre élément qui vient remettre en cause la responsabilité de l’établissement est le fait que l’élève avait d’autres problèmes personnels. Notamment, elle ne se trouvait pas par hasard dans un foyer d’aide à l’enfance. Suite à son coming out trans, ses parents l’auraient mise à la porte.

Les réactions autour de cette mort tragique

De nombreuses personnes et entités ont souhaité faire part de leurs messages de soutien aux proches et à la famille de la jeune lycéenne trans. D’autres, plus critiques, viennent constater une défaillance dans l’accompagnement des jeunes.

Parmi les organisations, SOS Homophobie réagissait d’une manière forte. «Mégenrer une personne trans, c’est une violence. Lui refuser d’exprimer son identité de genre, c’est une violence. Nier sa réalité, c’est une violence. Mises bout à bout, ces violences tuent. La transphobie tue.» partage l’association.
Inter-LGBT adresse un message via TETU à l’Éducation Nationale : «C’est du devoir de l’Éducation Nationale de former ses encadrants, il y a urgence. Les moyens associatifs ne suffisent pas à former tous les élèves et professeurs.»

De son côté, Jean-Michel Blanquer  défendait son bilan. Il évoquait notamment avoir fait beaucoup en matière de lutte contre le harcèlement et les discriminations à l’encontre des élèves LGBTQI+. Il avouait cependant qu’un besoin de réussir à mieux lutter contre les LGBTphobies était nécessaire.

Ca suffit ! Affiche campagne Ministère Éducation Nationale contre violences homophobes transphobes

Notre opinion sur cette affaire

Ce qui suit n’est que notre humble point de vue sur les éléments mis à notre disposition à l’heure où nous écrivons ces lignes. Tout élément qui sera apporté à l’enquête en cours par la suite ne peut donc pas être pris en compte.

De notre côté, nos pensées vont tout dabord à la famille, aux amis et proches de la jeune lycéenne trans. Nous souhaitons dans cet article leur affirmer notre soutien.

Notre combat pour faire valoir les droits des personnes LGBTQI+ continuera avec la mémoire de cette jeune lycéenne de 17 ans partie trop tôt. Puisse-t-elle maintenant reposer en paix.

Coeur arc-en-ciel drapeau-lgbt.fr

Ensuite, nous voulons condamner la position de la CPE. Bien qu’en apparence, elle soit de bonne volonté, ce ne sont pas aux personne trans de cacher ce qu’elles sont. C’est à la société entière d’accepter qu’il puisse y avoir des différences. Bien plus que l’acceptation, il est temps que l’on considère nos différences comme des chances.

Nous souhaitons également condamner le discours du proviseur qui évoquait notamment “un élève”. On peut facilement pardonner quelqu’un qui se trompe de pronom à défaut de savoir et/ou comprendre. Mais pas dans une telle situation où ces éléments sont connus et reconnus. Et certainement pas dans un communiqué officiel. Ces négligences ne font qu’ajouter du sel sur une plaie largement ouverte.

Pour finir, nous voulons également condamner de manière plus large le manque d’actions pour prévenir ce genre de comportement. Un suicide n’est que trop rarement impulsif. C’est un geste qui résulte majoritairement d’un long cheminement et mal-être profond. On sait pertinemment que les personnes LGBTQI+ sont plus susceptibles d’en arriver à ce geste de désespoir. Alors nous en appelons aux entités compétentes pour mettre en place des accompagnements plus conséquents. Il faut également que des espaces pour parler librement soient mis à la disposition de ceux dans le besoin. Et par dessus tout, il faut normaliser et valoriser nos différences. Que ce soit pour les personnes LGBTQI+, les minorités ethniques et/ou religieuses, … C’est en changeant les mentalités que les choses bougeront vraiment.

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